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Amorce d'un travail d'introspection en 2009

J'ai créé un service de livraison à vélo à Toulouse en 2002. Au travers de ce projet, j'avais des buts initiaux plus ou moins conscients et tous convergeaient vers le désir d'épanouissement personnel et la mise en place progressive des conditions de vie supposées permettre cet épanouissement ou réalisation personnelle. Sept ans plus tard, en 2009, l'objectif n'était pas atteint. Pire encore, il n'était pas évident que la direction prise fût la bonne. La période pendant laquelle j'ai finalisé la rédaction de cette étude introspective était consacrée à ma convalescence suite à un accident cardiaux vasculaire cérébral (AVC). Cet accident, je l'attribue au surmenage, au stress, à l'anxiété, aux événements en lien direct avec l'entreprise que le cours de l'histoire avait concentrés à un moment donné. N'ayant pas la possibilité physique et psychologique de prendre du recul ou une pause dans cette impression de chaos, mon corps s'est exprimé en s'arrêtant de lui-même. J'ai failli y laisser la peau. Je reviendrai plus en détails sur cet événement douloureux et ses circonstances. L'hyper tension générée par mon état est sans aucun doute à l'origine de la dissection de l'artère vertébrale droite. L'avantage de cet accident est qu'il m'a donné du temps libre pour opérer cette démarche introspective de mon rapport à l'entreprise que j'ai créé comme une extension de moi même.

L'authenticité

"L'homme est un être qui a à se faire ce qu'il est." Cette formulation est le titre de l'entretien de Martin Jander et Rainer Maischein avec André Gorz sur le thème de l'aliénation, la liberté et l'utopie. (Note N°1 : pp.179-197) Selon André Gorz, l'aliénation est la question philosophique qui éclairait le mieux son expérience personnelle : "Dès la prime enfance, j'ai eu le sentiment d'être pour les autres quelqu'un que je ne pouvais être moi-même (et inversement)". Dans L'être et le Néant, Sartre pose la question suivante : "Pourquoi ce que Heidegger appelle "l'authenticité" n'est-elle pas première ? Comment les gens peuvent-ils se masquer indéfiniment le décalage fondamental entre ce qu'ils sont pour eux-mêmes et ce qu'ils sont dans leurs interactions avec les autres et prétendent coïncider, s'identifier avec leur être social, leur nom, leur appartenance? " (Note N°2)

Mon expérience de bègue, particulièrement douloureuse pendant l'enfance et l'adolescence m'avait confrontée à ce décalage de ce que j'étais pour les autres (un handicapé, un timide, un introverti, un faible, un bizarre) et ce que je pensais être en réalité, ou plutôt ce que je pensais vouloir et pouvoir être potentiellement. Le langage, la vitrine de mon personnage défaisait ma personne, la déconstruisait et/ou l'empêchait de se construire. "Devenir ce que l'on est" implique un travail et une lutte entre soi et les autres où il est question de ne pas laisser son authenticité absorbée par l'être social jusqu'à ne plus se reconnaître dans les résultats des actions menées, ni même comme auteur ou sujet de ses actions.

J'ai lutté pour trouver mon authenticité au travers de ce projet. J'ai lutté pour me réaliser, au travers de ce projet, ou du moins qu'il participe à ma réalisation. Il serait inapproprié de considérer la création de l'entreprise Cyclotransport comme une chose extérieure à moi, désincarnée, sans affect, un simple gagne pain. Tout d'abord parce que ce n'est pas de cette manière que je conçois le travail, et ensuite parce que l'entreprise, le projet, est comme une extension de moi-même, une expression idéologique (dans le bon sens du terme). Comparez-moi à un artiste dont l'oeuvre serait la mise en place d'un service de livraison à vélo. C'est ainsi que je conçois une vie ayant du sens.

Mise en garde

A ceux qui ont transité par Cyclotransport, ne prenez pas mon approche comme un accaparement de cette aventure qui fut également collective et dans laquelle vous avez tous compté. Mais chacun d'entre vous a vécu cette aventure à sa manière, joué des rôles différents, et en cela on peut dire que chacun a son Cyclotransport dans la tête. Le Cyclotransport qui m'intéresse ici n'est pas celui des chiffres (chiffre d'affaire, nombre de salariés, nombre de clients, nombre de livraisons par jours, etc.), mais celui des valeurs et des motivations. Je ne parlerai donc que des valeurs et motivations que je connais le mieux et qui sont les miennes.

Les difficultés et les crises sont particulièrement révélatrices des distorsions, des désaccords entre soi et les autres. Et par conséquent, tout comme on se sent plus français à l'étranger qu'en France, nos valeurs et convictions remontent à la surface quand l'édifice qui les soutient est menacé ou simplement confronté à l'altérité et aux jugements des autres. Vous l'aurez compris : l'histoire de Cyclotransport n'est pas celle des bisounours.

La méthode

La méthode de cette première étude introspective réalisée en 2009, s'appuie sur un travail d'écriture, d'expression subjective, d'historique introspectif allant de l'idée de la création et de ses motivations à aujourd'hui (2009). De ce travail vous n'en aurez que des bribes car je ne cite que le strict nécessaire. Bien qu'invisible en partie, il est le passage obligé. Dans une première partie nous opérerons une recherche d'outils analytiques et conceptuels à travers la littérature scientifique dont le choix des auteurs n'est pas neutre mais témoigne d'une adhésion à une certaine vision du monde et valeurs. Cette recherche éclairera dans la seconde partie les motivations initiales à la création du projet.

Bibliographie

Note N°1 : André Gorz, un penseur pour le XXI° siècle, sous la direction de Christophe Fourel etc., La découverte, 2009

Note N°2 : L'être et le Néant, Essai d'ontologie phénoménologique, Jean-Paul Sartre, Gallimard, 1976

Photo de Céline Delestré http://celinedelestre.com/

Photo de Céline Delestré http://celinedelestre.com/

Tag(s) : #Cyclotransport, #introspection
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